Des regrets. J’en ai quelques-uns. Je me suis parfois dit « si seulement… » ou « j’aurais dû… ». Comme vous, mes échecs, mes erreurs et mes péchés du passé me rendent triste.
Un de mes souvenirs les plus douloureux concerne une petite fille nommée Meena. Meena était une belle petite fille de cinq ans vivant à Mumbai. Elle avait de très grands yeux bruns. Quand les intervenants sociaux l’ont vue pour la première fois, elle se tenait debout dans quinze centimètres d’eau d’égout.
Meena faisait partie des milliers d’enfants qui survivent en mendiant dans les rues. Personne ne sait si ses parents l’avaient abandonnée ou s’ils étaient simplement morts. Elle survivait grâce aux quelques pièces qu’elle persuadait les passants de lui donner et aux restes de nourriture qu’elle trouvait dans les amas d’ordures et qu'elle mangeait pour rester en vie.
J’ai vu une photo de Meena et je ne pourrai jamais l’oublier. Plus tard, j’ai su qu’elle avait commencé à manger de la boue infectée par l’eau d’égout qu’elle ramassait dans la rue. Elle est alors vite tombée dans le coma et est décédée.
Malheureusement, des enfants mangent encore de la boue afin de remplir leur estomac vide. Ces victimes silencieuses de la pauvreté passent inaperçues dans certains des endroits les plus sombres sur terre.
En ce qui concerne Meena, il est trop tard. Je regrette profondément que nous n’ayons pas eu un centre du Bridge of Hope de GFA dans son bidonville pour la sauver.
Vous et moi n’avons pas demandé à naître et à être élevés dans la situation financière et le confort dont nous jouissons. Vous aussi, vous auriez pu naître dans la misère, dans l’un des bidonvilles de Calcutta ou dans une famille dalit au Bihar. Vous auriez pu être un jeune miséreux de bidonville, qu’on aurait rendu aveugle et forcé à mendier dans les rues. C’est la vérité, vous auriez même pu être vendu à l’industrie du sexe et mourir bien avant votre 20e anniversaire.
Dieu, dans sa miséricorde, nous a accordé le privilège de vivre dans la liberté et de profiter de bénédictions que les mots ne peuvent décrire.
De temps à autre, Dieu tente de s’introduire dans notre vie routinière et de nous dire quelque chose d’important. Il attire notre attention sur un problème qui nous fend le cœur, qui nous pousse peut-être même à nous agenouiller. Pourtant, tristement, nous en restons souvent là.
Alors souvent, quand je découvre et redécouvre la réalité à laquelle sont confrontés ces enfants, je prends conscience une fois de plus que, pendant trop longtemps, je suis passé à côté de quelque chose d’important. Je m’écrie alors : « Seigneur, qu’est-ce qui ne va pas chez moi? Comment ai-je donc pu oublier? »
Je deviens si absorbé par mes activités quotidiennes que les semaines, les mois et même les années passent sans que je réalise à quel point le temps a filé.
C’est par amour pour Jésus que nous agissons. C’est en son nom que nous faisons des sacrifices. Ensemble, vous et moi, nous pouvons permettre à de précieux enfants de réaliser leurs rêves.
Un souvenir que je conserve de mes tout premiers jours au collège, aux États-Unis, concerne une émission de télévision mettant en vedette George Burns. Il avait l’air vieux, très vieux. Il portait des lunettes rondes comme Gandhi, que je respecte énormément. Il fumait toujours un cigare entre ses histoires et ses chansons.
Quelque chose me plaisait chez cet homme. Il s’agit d’une chanson qu’il chantait et il la chantait souvent. Quelques mots me sont toujours restés en tête : « J’aimerais encore avoir 18 ans. »
Quand le Seigneur m’a appelé à le servir, j’avais à peine 16 ans! Je vivais dans un minuscule village d’un petit État à la pointe sud de l’Inde. Aujourd’hui, alors que je rédige ces quelques lignes, j’ai 60 ans! Je me dis alors : « Où donc est passé le temps? » J’ai l’impression que pas plus tard qu’hier, je quittais mon foyer, parcourant plus de 3 000 kilomètres jusque dans le nord le l’Inde pour servir le Seigneur.
Comment le temps a-t-il filé si vite? Je l’ignore!
À l’exemple de George Burns, j’ai moi aussi envie de chanter « j’aimerais encore avoir 18 ans ». Pourquoi? Parce que nous avons énormément de pain sur la planche. Le monde est brisé et la souffrance surabonde, de même que les multiples précieux enfants perdus et sans défense. Je désire les conduire à Jésus, le seul en qui ils trouveront espoir.
Mais je ne peux remonter le temps. Il passe très vite et avant même que nous nous en rendions compte, tout est fini. Nous devons dire au revoir à ce monde et à toutes ces choses auxquelles nous accordions tellement d’importance et nous nous accrochions si fermement.
Pensez-y! Dans cent ans, quelle importance auront-elles? Oh! Comme nous sommes bêtes de ne pas vivre à la lumière de l’éternité! Dans son livre Things as They Are (« Les choses telles qu’elles sont »), Amy Carmichael a écrit : « Nous aurons toute l’éternité pour célébrer les victoires, mais nous ne disposons que de quelques heures avant le coucher du soleil durant lesquelles nous pouvons les remporter. »
Vivez à la lumière de l’éternité. Utilisez votre vie judicieusement.
K. P. Yohannan, docteur en théologie
fondateur de GFA World
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